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Page:Chapais - Jean Talon, intendant de la Nouvelle-France (1665-1672), 1904.djvu/418

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DE LA NOUVELLE-FRANCE

la Nouvelle-France ce goudron de première qualité, si nécessaire à ses ateliers maritimes ! Talon y mit toute son application, et dès l’automne de 1670, il pouvait laisser entrevoir au ministre l’espérance du succès. Le 10 novembre il écrivait : « Le sieur Arnould Alix, le faiseur de goudron (goldron) est établi pour son hivernement avec le nombre d’ouvriers qu’il m’a demandé. Depuis qu’il est arrivé au poste que je lui ai désigné, il m’a fait savoir qu’il avait quinze cents pieds d’arbres écorchés, que sans sortir de ce lieu il pouvait se promettre de trouver de la matière pour travailler trente ans durant… Si ces conducteurs d’ateliers pour vaisseaux, mines et goudron sont habiles et ne donnent pas trop aux apparences, vous pourrez faire du Canada un ouvrage glorieux pour le roi et plus utile à son État »[1] Dans son mémoire du 2 novembre 1671, l’intendant donnait ces encourageantes informations : « Le goudron réussit par la qualité. J’en envoie pour épreuve un baril à La Rochelle et un à Dieppe. Le maître entrepreneur le dit aussi bon qu’aucun autre tiré des pays étrangers ; il trouve de la disposition à faire du brai et de la résine. Il a six mille pieds d’arbres écorchés qui mûrissent, attendant le temps propice à la distillation… À présent que par le succès de l’épreuve de cette année j’ai persuadé que le Canada pouvait produire du goudron et du brai, je fais travailler ce maître ouvrier à instruire et enseigner les habitants et soldats établis la méthode de le faire, pour que les colons de la Nouvelle-France fournissent à ceux de l’ancienne cette matière utile à la marine, la secourant

  1. Mémoire de Talon à Colbert sur le Canada, 10 nov. 1670 ; Arch. féd., Canada, corr. gén. vol. III.