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DE LA NOUVELLE-FRANCE

Comme on le voit, Colbert ne faisait pas encore partie du Conseil, à ce moment. Né à Reims, en 1619, d’une famille adonnée au négoce, il était entré de bonne heure dans les bureaux de la guerre, grâce à la protection de son oncle, le sieur Colbert de Saint-Pouange. Michel Le Tellier, alors secrétaire d’État, c’est-à-dire ministre de ce département, l’avait bientôt remarqué et attaché à son cabinet. En 1651, Mazarin voulant s’assurer un agent dévoué, intelligent et actif, au milieu des difficultés et des embarras que lui suscitait la Fronde, avait demandé à Le Tellier de lui céder Colbert. Pendant onze ans, celui-ci servit le cardinal avec une fidélité et une habileté qui finirent par lui gagner entièrement la confiance du ministre. S’occupant non seulement des affaires personnelles de Mazarin, mais conduisant aussi pour lui d’importantes négociations politiques, et voyant de près les événements et les hommes, il acquit une connaissance approfondie de l’administration, toucha du doigt les abus, et commença à mûrir dans son esprit les idées de réforme et de réorganisation qu’il appliqua plus tard. Lorsque Mazarin mourut en le recommandant au roi, il était prêt pour la tâche dont le chargea Louis XIV.

Celui-ci voulant gouverner, et non pas seulement régner, il lui fallait se mettre au courant des différentes parties de l’administration. Et tout d’abord l’état des finances sollicitait son attention. Elles étaient dans le plus affreux désordre. Le roi se défiait avec raison de Fouquet, le surintendant, dont les dilapidations avaient été dénoncées à Mazarin par Colbert. Il eut donc recours aux lumières de ce dernier. Alors se joua dans les hautes régions gouvernementales une pièce à