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DE LA NOUVELLE-FRANCE

on lui a donné seul le pouvoir de le faire, comme aussi de donner toutes les concessions, ce qui paraît contraire au neuvième article de mes instructions, par lequel il m’était ordonné de le faire, comme M. de Tracy et les gouverneurs qui l’ont précédé l’avaient toujours fait. Si M. Talon revient en ce pays, ou quelqu’autre en sa place, je vous supplierai, Monseigneur, de vouloir régler toutes ces choses, car de quelque manière que vous vouliez qu’elles aillent, je mettrai toujours ma gloire et ma satisfaction à vous obéir aveuglément. Vous savez mieux que moi que lorsqu’un gouverneur sera ici sans pouvoir de faire aucune grâce et presque sans fonction, comme M. de Courcelle y a été depuis quelque temps, il ne pourra pas acquérir beaucoup de crédit et d’estime ni être en état d’y servir le roi, et de vous y être bon à quelque chose comme je le souhaiterais. »

Cependant, comme Talon devait bientôt partir, Frontenac évita d’entrer en lutte avec lui. Il s’abstint même d’intervenir dans une affaire assez importante, où il n’était pas du même avis que l’intendant. M. Charles Bazire, agent de la compagnie des Indes Occidentales, présenta à Talon une requête dans laquelle il se plaignait des fraudes commises par les marchands et les habitants à l’égard des pelleteries et du paiement des droits. Il demandait la permission de visiter ou de faire visiter « dans toutes les maisons les pelleteries qui y seraient, et le pouvoir d’obliger tous les marchands forains et habitants d’en faire une déclaration précise, avec défense de les donner à qui que ce fût, qu’elles ne fussent apportées au bureau et marquées du sceau de MM. de la Compagnie. » Frontenac ne dissimula pas à l’intendant qu’une telle permission lui paraissait inop-