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DE LA NOUVELLE-FRANCE

Nous nous sommes efforcé de dissiper ces ténèbres et de reconstituer, au moins dans ses grandes lignes, cette fin de carrière, qui fut assez longue. En effet, quatorze ans après la date où M. Bibaud affirme que Talon vivait à Paris, notre ex-intendant y vivait encore ; il ne mourut qu’en 1694.

M. l’abbé Faillon a écrit dans son Histoire de la colonie française que M. Talon, de retour en France, fut « fait d’abord premier valet de chambre du roi, ensuite secrétaire du cabinet et capitaine du château royal de Mariemont ». C’est intervertir un peu l’ordre des faits. M. Talon avait été nommé capitaine du château de Mariemont dès 1670. Le 11 novembre de cette année, il écrivait à Colbert : « Vous m’avez obtenu une grâce du roi en me faisant obtenir la capitainerie de Mariemont. Je m’assure que vous voudrez bien me la rendre utile en y faisant attacher les mêmes appointements et les mêmes émoluments dont jouissent les capitaines des autres maisons royales qu’on m’a dit être de 2,000 écus. Si à cette somme vous vouliez ajouter la jouissance du parc qui est sous-fermé deux cents pistoles par les fermiers généraux du domaine de Hainault, cette grâce me donnerait bien de l’aisance dans le service, et servirait à réparer la ruine que souffre par mon absence le peu de bien que j’ai en France ».

Qu’était-ce qu’une capitainerie comme celle dont Talon avait été gratifié ? C’était le gouvernement d’une maison royale et des terres qui en dépendaient. Cette charge donnait des émoluments et n’entraînait en général ni résidence, ni surveillance bien directe. La plupart des capitaineries pouvaient être classées parmi les sinécures lucratives dont les rois se servaient pour récom-