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JEAN TALON, INTENDANT

était en ce moment l’objet de graves imputations. On l’accusait d’avoir abusé de son autorité, suscité des troubles dans son gouvernement, et scandaleusement trafiqué avec les sauvages. Une enquête avait été ouverte en France contre lui. Et M. Dudouyt écrivait : « Les informations sont entre les mains de M. Bellinzany qui le soutiendra (M. Perrot), étant fort ami de M. Talon. » L’année suivante, le correspondant de Mgr  de Laval lui donnait des renseignements additionnels : « M. Talon me vint trouver il y a cinq ou six semaines et me dit qu’il avait dessein de passer en Canada pour y établir un hôpital général mais que ce ne pouvait être que l’année prochaine, et qu’il ne voulait être revêtu dans un autre caractère, qu’il avait pour cet effet écrit une lettre à M. de Seignelay[1] par laquelle il lui marquait qu’il s’offrait pour aller établir un hôpital général en Canada sans qu’il en coûtât rien au roi et qu’il y ferait subsister à ses dépens autant de pauvres qu’il pourrait. Il m’ajouta qu’il me ferait voir cette lettre et en effet il me l’envoya, et quelques jours après, il m’envoya demander un mémoire des avantages et nécessités qu’il y aurait d’établir un hôpital général à Québec. Dans la conversation que j’eus avec M. Talon je lui dis que s’il passait en Canada on ne le laisserait pas là sans lui donner d’autres emplois que d’établir un hôpital général. Il a fait ses propositions à M. de Seignelay et lui a écrit ainsi que je le marque.

  1. — Le marquis de Seignelay était le fils de Colbert. Il avait été nommé secrétaire d’État en 1672, et s’occupa dès lors du département de la marine sous la direction de son père. Colbert mourut en 1683 ; mais à partir de 1681, ce fut Seignelay qui fut chargé des colonies.