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JEAN TALON, INTENDANT

Talon. Son attitude sur la question de l’eau-de-vie leur avait à bon droit paru répréhensible. Et ses opinions n’étaient point changées. En 1677, Colbert avait informé M. Dudouyt que notre ancien intendant lui donnait des avis favorables au commerce des boissons enivrantes. Sur ce, le grand vicaire écrivait à l’évêque : « M. Talon est dans le même esprit qu’il était pour la traite et a parlé à M. Colbert qui l’a consulté là-dessus, conformément à ses anciennes impressions, et rendu en cela un mauvais service à l’église du Canada[1]. » Dans une lettre de Colbert à l’intendant Duchesneau, du 1er mai 1677, nous lisons : « Comme j’ai voulu approfondir cette matière autant qu’il m’a été possible, j’ai voulu avant toutes choses, savoir de M. Talon, qui a été six à sept ans en Canada, et du sieur Bouteroue qui y a été deux années, si en effet ces boissons causaient de si étranges désordres. Vous verrez le mémoire du sieur Talon que je vous envoie ». Et dans une lettre à Frontenac : » Sur le sujet des boissons, M. l’évêque de Québec m’a fait remettre ici, par son grand vicaire, une consultation qu’il a faite en France, qui contient des faits tels que, s’ils étaient véritables, il faudrait sans difficulté chercher tous les expédients pour empêcher qu’il n’en fût donné aux sauvages ; mais, pour vous dire le vrai, après m’être informé de M. Talon, du sieur Bouteroue, et généralement de tous ceux qui ont été au Canada, ou qui en ont quelque connaissance, j’ai trouvé que ces faits étaient extrêmement exagérés, et que l’on tire des conséquences générales de ce qui est arrivé à quelques sauvages. J’envoie au dit Duchesneau cette consulta-

  1. M. Dudouyt à Mgr  de Laval, 1677 ; Arch. canadiennes, 1885, p. CII