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APPENDICE

gné, jouissant du plein usage de ma raison, de toute la liberté de mon esprit et d’une entière santé de mon corps, déclaré que ce qui suit est mon testament et ma dernière volonté que je désire et veux être suivie et exécutée ; je déclare aussi que je révoque, casse et annulle par le présent écrit de ma main tous les autres testaments et codicilles que j’ai pu avoir faits antérieurs à celui-ci.

Premièrement : Je désire et ordonne que vingt-quatre heures après mon trépas et non plus tôt, mon corps soit ouvert pour en tirer mon cœur, qui sera mis en plomb qu’on trouvera dans le tiroir de mon bureau, préparé pour cela, pour être porté et déposé dans l’église de l’abbaye de tous les Saints, de Châlons, où sont ceux de mes frères Claude et Philippe Talon, mes frères ; désirant de plus que celui de feu Monsieur Philippe Talon, mon père, que j’ai mis ou déposé sous l’autel intérieur des Capucins de Rouen, en soit tiré, afin que les dits cœurs de mes dits frères et le mien lui étant joints, on puisse leur donner une sépulture commune sans séparer ce qui a toujours et doit être parfaitement uni.

Qu’à cet effet on donne des faveurs aux dits Pères Capucins pour l’avoir bien voulu conserver, les priant de faire un service pour mon père et pour moi ; lorsqu’on tirera mon cœur, qu’on donne à mon corps la même sépulture qu’à défunts mes père et mère inhumés dans la chapelle de Sainte-Catherine de Notre-Dame de Châlons, en Champagne, modestement et sans éclat, mais avec toute la dévotion et le secours des prières qu’on pourra.

Que dans le jour de mon décès, si je meurs avant midi, on fasse dire les messes des morts pour apaiser la juste colère de Dieu sur mes péchés.

Qu’au moment de mon décès six prêtres séculiers ou réguliers seront mis auprès de mon corps et y demeureront jusqu’à ce qu’il soit transporté pour être inhumé, et j’ordonne que pour la rétribution des dits prêtres, il leur soit payé à chacun six livres par chaque vingt-quatre heures, outre la nourriture qui leur sera donnée.

Comme tout ce que je possède vient des bienfaits et des libéralités du Roi, particulièrement des deux charges de secrétaire de son cabinet et de premier valet de sa garde-robe, de même que ce que j’ai pu ménager dans les différents em-