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APPENDICE

Je lègue en faveur des pauvres anglais, irlandais et écossais auxquels je prenais le soin de distribuer la charité du roi et de la cour, six mille livres, et j’entends que cette somme soit remise entre les mains de la personne choisie par Madame de Maintenon, sous les ordres de laquelle cette somme se distribuera, si Dieu veut avoir la charité de l’ordonner. Je prends ici occasion de la remercier très humblement de tous les biens qu’elle m’a donnés et procurés de servir les pauvres, et de l’assurer que si Dieu me fait miséricorde, je le prierai de tout mon cœur de la combler de ses grâces, ce que je dois faire et ferai ardemment pour le roi.

J’établis pour mon héritier légataire universel la personne de François Talon mon neveu, et parce que les biens que je lui laisse consisteront en terres, maisons, et contrats, et non pas en argent comptant, je prie tous ceux et celles en faveur desquels (je fais des legs), excepté les legs qui regardent les pauvres ou l’Église, de lui donner trois mois de temps pour vendre quelques contrats ou meubles et remplir les dits legs.

Je désire que mon neveu Jean-François Talon laisse dans le pavillon des Loges tous les meubles qui peuvent y être, ne les ayant mis que pour servir utilement aux personnes de qualité qui, pour faire plus commodément leurs dévotions, voudront s’y retirer, et je prie très humblement les supérieurs des Augustins déchaussés, et particulièrement au dit monastère, d’en laisser la clef à l’usage de mon dit neveu comme ils m’ont fait la grâce de me l’accorder durant ma vie.

Le roi d’Angleterre m’ayant fait l’honneur de s’adresser à moi pour demander quelque secours d’argent au cours de son voyage de La Hogue, et lui ayant prêté cinquante mille livres provenant du prix de ma charge de secrétaire du cabinet, j’ordonne à mon neveu mon héritier de lui faire connaître de ma part que mon intention ayant été de lui faire ce léger plaisir, je désire qu’il dispose de cette somme comme il plaira à Sa Majesté, ne voulant pas qu’il la rembourse s’il n’est bien en état de le faire, persuadé que je suis que si Dieu, en qui j’espère de sa divine Providence, le rétablit sur le trône il n’abandonnera ni ma famille ni mon neveu qui rapportera à Sa Majesté Britannique le billet qui se trouvera dans ma cassette, qu’elle a voulu absolument que je prisse,