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DE LA NOUVELLE-FRANCE

qu’elles sont toutes complètes, mais que quelques-unes sont plus nombreuses et mieux équipées que les autres. Celle de M. de Sorel est la plus remarquable, et une gratification de 15 ou 20 pistoles[1] à cet officier serait de bonne politique. L’intendant se propose d’employer 100 ou 150 pistoles à récompenser et augmenter ainsi le zèle, et il assure qu’il sera économe et équitable[2].

Le 15 il écrit qu’il travaille à s’instruire sur tout ce qui concerne la Nouvelle-France. Parlant de l’Acadie et du voisinage des Anglais, il signale l’importance stratégique du Cap-Breton. Enfin, le 24 mai, il fait en ces termes ses adieux à Colbert : « Comme je crois que je n’aurai plus l’honneur de vous écrire de France, puisque je n’attends plus que le vent pour me mettre à la mer, souffrez que je vous assure que je pars pour le Canada très reconnaissant de toutes les grâces que vous avez eu la bonté de me départir et de me ménager auprès du roi, que, comme je sais qu’on ne peut vous témoigner de plus forte reconnaissance qu’en servant bien Sa Majesté ni mériter de nouveaux bienfaits qu’en payant les premiers par une sérieuse et forte application à faire réussir les choses qu’elle désire de nous, je n’épargnerai rien de la mienne pour remplir ses intentions au lieu où je vais. Ayez s’il vous plaît la bonté de me donner et la protection et les secours qui me feront besoin, et si je ne travaille avec succès, je travaillerai du moins avec zèle et fidélité. Je suis, avec tout

  1. — La pistole, monnaie d’Espagne, valait environ onze livres de vingt sols.
  2. — Arch. féd., Canada, corr. gén., II.