Page:Chapais - Jean Talon, intendant de la Nouvelle-France (1665-1672), 1904.djvu/96

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

CHAPITRE V


La tâche de Tracy, Courcelle et Talon simplifiée par la mort de M. de Mésy. — Ils s’occupent d’abord du péril extérieur. — Construction de forts sur la rivière Richelieu. — Talon se met au courant des affaires. — Sa sollicitude s’étend à tous les objets. — Conversion de M. Berthier. — Talon écrit au roi. — Il adresse à Colbert un long mémoire. — Il rend un témoignage favorable aux Jésuites. — Il donne un aperçu des ressources du pays. — Il aborde une grave question. — Est-il plus avantageux pour le Canada de rester propriété de la Compagnie que de relever directement du roi ? — Talon se prononce pour la seconde alternative. — Les troupes, la colonisation, les manufactures. — Éloge de M. de Tracy.


MM. de Tracy, de Courcelle et Talon avaient une tâche multiple. Ils devaient, en premier lieu, faire le procès de M. de Mésy, et rétablir l’ordre compromis par ses violences et ses excès. Mais ici Dieu était intervenu avant l’arrivée des envoyés du roi, et M. de Mésy, réconcilié avec Mgr  de Laval, était mort en manifestant des regrets sincères et des sentiments de foi profonde. Il n’était guère opportun de faire subir un procès à sa mémoire. Aussi les chefs de la colonie s’en abstinrent-ils avec sagesse, se bornant à réparer tranquillement les injustices que la passion avait pu lui faire commettre[1]. Ils avaient remis provisoirement le

  1. Lettre de Talon à Colbert, 4 octobre 1665 : « Il n’a pas été jugé à propos d’informer contre M. de Mésy après sa mort, M. l’évêque et les autres particuliers qu’il avait blessés