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Page:Chapiseau - Au pays de l’esclavage, 1900.djvu/127

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venus, l’usage du baguerré, pointe de quartz poli par le frottement, dernier vestige de l’âge de pierre ? La supposition semble pour le moins vraisemblable.

Du petit village de Danazou jusqu’au village Aconga situé à deux kilomètres du confluent du Gribingui et du Gouroungou, le pays est couvert d’une immense forêt vraiment belle. Ce ne sont plus, il est vrai, ces arbres immenses aux troncs blancs, lisses et droits comme des colonnes, qui donnent aux paysages des rives du Congo et de l’Oubangui un aspect si surprenant, mais à la longue bien monotone.

Ici les arbres les plus élevés séduisent l’œil par leur écorce rude, leurs branches tordues, leur feuillage découpé, tantôt touffu comme celui des grands fici, tantôt léger comme celui des acacias. L’air et la lumière circulent cependant dans cette forêt dont l’herbe atteint six mètres de hauteur. Drues, serrées, semées de liserons qui grimpent après leurs tiges, les graminées envahissent les sentiers, noient le voyageur dans leurs feuilles et l’obligent à marcher tête baissée, les deux mains en avant pour protéger son visage et ses yeux des cuisantes coupures. Alors, perdu dans leurs flots,