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Page:Chapiseau - Au pays de l’esclavage, 1900.djvu/128

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aveuglé par leurs tiges, il n’a plus d’autres préoccupations que de se défendre de leurs atteintes et d’éviter les obstacles, trous et pierres, qui sèment le chemin. Il ne voit rien des beautés qui l’entourent, ne pense bientôt plus à rien et marche presque inconsciemment, engourdi dans une obsession pénible.

Que de choses, pourtant, il y aurait à voir et à ramasser ! Ce sont mille fleurettes variées aux couleurs douces ou vives, mais toujours délicates et gracieuses ; des insectes bizarres aux formes les plus étranges, les plus inattendues, qui ressemblent soit à un morceau de bois sec, soit à une feuille nette ou froissée, sèche ou verte, à un brin d’herbe, à un fétu de paille, et qu’il faut voir marcher pour avoir conscience de leur existence. Chaque pas fait découvrir une merveille nouvelle, qu’on regrette de ne pouvoir emporter.

Les essences forestières varient un peu. Le karité se trouve en grande abondance dans le pays. C’est ici un arbre de moyenne dimension à l’écorce dure, au feuillage assez rare. Le fruit, de la grosseur d’une noix, est entouré d’une chair agréable au goût ; cette chair blanche fournit une sorte de beurre végétal assez peu apprécié des