Page:Chapiseau - Au pays de l’esclavage, 1900.djvu/20

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

croit. Pour dépeindre fidèlement ces primitifs il est nécessaire de les avoir longuement et patiemment observés ; il faut avoir vécu de leur vie, s’être assimilé leurs idées, s’être fait un « moi » pareil au leur : en un mot s’être de toutes façons attaché à eux et avoir su se les attacher.

Parmi ceux de nos voyageurs qui possèdent le mieux les hommes et les choses de l’Afrique, on peut sans hésitation placer au premier rang Ferdinand de Béhagle. Durant de longs séjours en différentes parties du continent noir, il s’est appliqué à les étudier, à les pénétrer. Il a vécu chez le musulman et chez le fétichiste ; celui-ci et celui-là se sont intéressés à lui parce que lui-même s’intéressait à eux : il a su capter leur confiance par sa bonté naturelle, sa loyauté, sa diplomatie, sa patience, ses connaissances pratiques que tous les deux ont mis à contribution. Il s’est inquiété de leurs besoins, a partagé leurs soucis, a discuté avec eux leurs intérêts, a épousé au besoin leurs manies : il a été leur confident, leur conseiller, leur arbitre. Il est ainsi arrivé à les connaître «sur le bout du doigt ». Fort d’une expérience longue et solide, intelligent, instruit, énergique, avec cela sans grande ambition personnelle, il pouvait ren-