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dans cette débauche de bleu étrange. Le premier plan, par exemple, relève le tableau. Tout s’y détache net, vigoureux, lumineux et coloré. Le sable qui couvre le sol est éblouissant sous la lumière qui tombe presque tout le jour perpendiculairement, le soleil atteignant à cette latitude sa plus grande élévation. La verdure y étale tous ses tons, les plus tendres et les plus délicats, des plus moelleux jusqu’aux plus vifs, et des plus sombres aux plus crus.

L’homme qui anime ce paysage s’y découpe étrangement, avec une netteté frappante : les vêtements blancs de l’Européen, la peau noire de l’indigène, ressortent sur le jaune brillant du sable taché d’une ombre portée vigoureuse, ou sur le bleu-pâle du lac, ou sur le ciel bleu-gris mais toujours hautement éclairé.

Le Stanley-Pool est un lac immense dont les eaux, entraînées par un rapide courant, vont, en se précipitant plus à l’ouest, parmi des roches élevées, former une chute qui barre la navigation du grand fleuve et dont la voix s’entend, furieuse, de Brazzaville.

Quelle est la forme du Pool ? quelle en est la largeur ? Le voyageur n’en peut avoir qu’une