Page:Chapiseau - Au pays de l’esclavage, 1900.djvu/41

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vague idée. Des îles nombreuses, quelques-unes longues de plusieurs lieues, bornent l’horizon, dissimulent les rives et l’étendue du lac. Les calculs de Stanley, Rouvier et Greenfell font varier son étendue de plus de vingt kilomètres en longueur et de plus de neuf en largeur. Ces différences énormes disent assez combien ses dimensions doivent être considérables.

Dans ses eaux s’ébroue l’hippopotame : le cheval de fleuve. C’est bien là, en effet, le nom qui lui convient ; lorsque son profil monstrueux émerge des eaux, les oreilles pointées droit, le chanfrein busqué, la naissance de l’encolure arrondie, tout cet ensemble rappelle bien l’idée du cheval. Les hippopotames vont souvent par troupes et leurs museaux énormes soufflent avec un ronflement sonore. Ils nagent groupés autour des embarcations, semblant peu se soucier du bruit des avirons ou des hélices, et des détonations des armes à feu. En tombant près d’eux, les balles les font plonger un instant ; mais peu après, ils reparaissent, baillent longuement et reprennent tranquillement leurs ébats. Tué ou blessé à mort, l’animal plonge et reste sous l’eau, quelquefois deux ou trois heures, souvent davantage ; puis il