Page:Chapiseau - Au pays de l’esclavage, 1900.djvu/43

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


SUR L’OUBANGUI


Rien ne saurait dépeindre l’énervement, l’obsession du voyageur qui suit le cours de ce fleuve gris coulant sous un ciel terne, entre deux lignes parallèles d’épaisse et haute verdure sans éclaircies, sans lumière, sans air. Jamais la rive ne s’élève. Un monticule de 17 mètres de hauteur, en un endroit où les arbres atteignent souvent 40 mètres, se détache comme une chose extraordinaire sur la carte, vide de tout relief, presque nue, dans un espace de mille kilomètres.

Quelle monotonie ! Le voyageur, agacé par le défaut d’espace et de mouvement, par les promiscuités énervantes mais inévitables, finit par exécrer ce fleuve trop large, trop long, trop désert, et ces rives sur lesquelles le massif boisé étale lourdement son rideau vert comme pour cacher les mystères du continent.

Les vapeurs mettent environ cinquante jours pour remonter le fleuve jusqu’au poste français de Bangui situé au pied d’une colline rocheuse et