Page:Chapiseau - Au pays de l’esclavage, 1900.djvu/51

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français, est appelé à rendre bien des services si, on sait l’utiliser. »

Les Banziris possèdent une quantité de petits chiens jaunes, à poil ras, très vilains d’ailleurs. L’on est étonné de voir un naturel se saisir de l’une de ces malheureuses bêtes et de sa pagaie lui broyer la tête. L’animal se débat, hurle, tout ensanglanté, tandis que le bourreau frappe sans relâche de son instrument impuissant ; c’est horrible ! L’animal est mort enfin : les Banziris l’étendent sur le feu clair et vif et s’accroupissent autour de lui, riant dans la puanteur des poils roux et de la viande qui brûle. Ils le savourent sans l’avoir ni lavé, ni vidé !

Les femmes ne mangent pas de chien, mais elles font pis encore. Si l’une d’elles trouve, par hasard, un rat crevé ou quelque charogne aussi faisandée, elle s’écrie joyeusement ; « Na hon hon ! » De la viande ! elle s’en empare et se sauve pour le manger.

On reste stupéfié lorsque, avec cette pensée, on admire ces femmes, jolies comme des bronzes de Barbedienne, plus jolies encore, car la vie coule sous la peau d’un rouge pompéien très foncé. On se demande s’il est bien vrai que d’aussi belles