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convoyeurs, de grands services à la colonie. M. de Béhagle utilisa les Banziris pour remonter le cours de la Kémo et il raconte à ce sujet l’anecdote suivante qui donne une médiocre idée du sentiment filial chez ce peuple : « Bembé, leur chef, n’était point très content et avait failli ne pas nous fournir de pirogues. En effet, M. Dybowski, en mission vers le Tchad, avait, sans le prévenir, emmené à Brazzaville le prince Bonga, son fils aîné, âgé d’une dizaine d’années.

Nous ramenions à la tendresse alarmée de sa famille ce jeune prince qui, en lavant les assiettes à notre cuisine, avait appris quelques mots de français. Il revenait chargé de cadeaux, car il nous donnait des renseignements précieux sur sa tribu et nous l’en récompensions largement.

Il rentra parmi ses compatriotes sans joie apparente, comme s’il les eût quittés la veille ; il semblait seulement fier de montrer son chapeau de feutre et ses vêtements. Après s’être muni dans une pirogue d’un gros poisson fumé, il regagna la cuisine et se remit gravement au nettoyage des marmites.

Ce gamin, le premier de sa race qui parle