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L’embarcation, longue de 8 à 12 mètres, large de 0m80, est taillée dans un seul tronc d’arbre. L’avant et l’arrière sont formés par des plateformes de plus d’un mètre de long et qui portent un escabeau artistement découpé. Sur celui de l’arrière s’assied le barreur ; sur l’autre, le percheur se balance un moment puis plonge sa perche à l’eau, en appuie l’extrémité à son épaule et pousse en courant vers l’arrière. Arrivé au tiers de la pirogue, il retire sa perche de 4 à 5 mètres de long et sans s’arrêter revient vers l’avant. Ils sont, en général, deux percheurs, opérant ensemble ; mais, dans les moments de grande hâte, ils se mettent trois, et même quatre : c’est alors merveilleux de voir ces hommes, tout en maniant leur longue gaule, aller, venir, se croiser, sans jamais se blesser ni se gêner les uns les autres.

Le deuxième tiers de la pirogue est occupé par les passagers et les bagages. L’arrière, par le foyer et huit ou dix pagayeurs.

Tant qu’il est possible d’atteindre le fond avec les perches, les pagayeurs restent inoccupés, assis sur les bords de l’embarcation. Ils ne manient la pagaie que quand l’usage de la perche n’est plus possible ; alors, pour aller plus en mesure, ils