Page:Chapiseau - Au pays de l’esclavage, 1900.djvu/57

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chantent : et leurs voix sont harmonieuses, et leurs chansons d’une musique étrange qui n’est déjà plus la mélopée.

Afin de rester dans les petites profondeurs, les Banziris côtoient les rives et passent, avec une adresse merveilleuse, sous les branches des arbres qui se penchent sur les eaux ; mais cette manœuvre n’est pas pour le plus grand agrément du passager qui, peu habitué à cet exercice, ne sait ni éviter les ronces, ni se baisser à temps pour n’être pas heurté par les branches.

La vitesse acquise est parfois considérable ; elle atteint et dépasse même six kilomètres dans la montée.

Le passager ne peut s’ennuyer : le passage est varié, les rives portent de beaux villages et les Banziris sont très divertissants.

Si l’un d’eux voit filer un poisson, aussitôt il plonge et revient sur l’eau avec sa proie. Il regagne, en nageant d’une main, la pirogue qui ne daigne pas l’attendre. À chaque instant et pour un rien, ils se jettent à la rivière ; ils changent ainsi de pirogue, allant de l’une à l’autre colporter une nouvelle, ou débiter un bon mot qui provoque de grands éclats de rire.