Page:Chapiseau - Au pays de l’esclavage, 1900.djvu/68

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fait avec grand art. Ces flèches ne sont pas empennées, ni empoisonnées. Le bouclier est de forme oblongue, en vannerie, et quelquefois garni sur son pourtour de poils de chèvre ; il porte des dessins noirs : croix, carreaux ou lignes concentriques. La poignée est en bois. Avec le bouclier, le guerrier porte plusieurs trombaches dans la main gauche et la lance dans la main droite. Les archers portent des couteaux de jet ou de bras, le carquois de vannerie, mais jamais le bouclier ni la lance.

Pour combattre, le guerrier Togbo se plie derrière son bouclier, si effacé qu’on aperçoit à peine l’extrémité de ses jambes. Ainsi abrité, il injurie son ennemi, fait claquer ses couteaux les uns contre les autres et brandit sa lance en bondissant. Si l’ennemi est à bonne distance, il poussera l’audace et l’insulte jusqu’à se découvrir un peu pour lui montrer son derrière et lui faire des gestes obscènes. Mais une telle témérité n’est pas d’usage, trop près de l’ennemi. Aussi les grandes guerres ne sont-elles pas bien meurtrières et Crouma, leur chef, passe pour un très grand capitaine parce qu’il a remporté sur une tribu voisine une victoire qui coûta la vie à deux ennemis, en plusieurs jours de combats.