Page:Chapiseau - Au pays de l’esclavage, 1900.djvu/70

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cordes, servent à charmer les loisirs de ces grands inactifs.

Avec la passion de la musique, ils ont celle de la danse. « Quand la lune brille, a dit un auteur, toute l’Afrique danse ». Les Togbos confirment ce principe : s’ils dansent la nuit, ils dansent aussi le jour. Dès qu’une troupe de guerriers est au repos, l’un d’eux, mettant sa lance sur l’épaule, commence à décrire des cercles à un pas cadencé et fort allongé. Un autre le suit, puis successivement tous l’imitent. Un monôme de tous les guerriers, au son du balafon, se met à décrire des méandres bizarres. Les pieds nus frappent le sol avec un son mat. Les danseurs portent avec affectation le poids de leur corps d’une hanche à l’autre, relevant le pied haut en arrière et penchant la tête en avant. Leurs poses grotesques s’harmonisent peu avec la musique assez agréable du balafon. Tout à coup, ils forment une demi-lune : alors un danseur s’en détache, exécute devant le ou les musiciens, de l’air le plus bête et de l’allure la plus contrefaite qu’il soit possible de voir, deux cercles, au pas gymnastique et rentre dans le rang. Un autre lui succède, puis un troisième, et le monôme reprend quand tous ont exécuté le cavalier seul.