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Page:Chapiseau - Au pays de l’esclavage, 1900.djvu/81

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rement avec les allures souffreteuses, rabougries, du boisement des plateaux et des coteaux. Là, en effet, les arbres dépassent à peine la taille des arbustes ; leurs troncs noueux, leurs branches courtes, tordues, leur feuillage rare, tout, jusqu’à leur écorce rugueuse et noircie, leur donne un aspect lamentable et triste.

Le sous-bois est formé par des herbes qui atteignent des dimensions extraordinaires : les plus courtes dépassent 1m50, et les folles avoines secouent leurs fins panaches à trois mètres de hauteur. Dans ce fouillis impénétrable, vit, grouille, se multiplie tout un monde d’insectes : fléau terrible pour les récoltes et souvent dangereux pour l’homme. Fourmis et reptiles y échappent aux poursuites des oiseaux, leurs ennemis.

Dans ces herbes si hautes, si pressées, les fauves ont de sûrs abris d’où ils s’élancent sur les animaux domestiques et sur l’homme. L’antilope, le buffle, tous les gibiers, y trouvent des retraites pour échapper aux traits du chasseur. Aussi la destruction de la jungle s’est-elle imposée, et l’habitude est-elle devenue générale d’y mettre le feu dès que les herbes commencent à sécher. Cet usage a causé le contraste signalé plus haut entre