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Page:Chapman - À propos de la guerre hispano-américaine, 1898.djvu/16

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rières des noms qui verseront éternellement sur le monde un éclat incomparable. Elle a eu les plus grands poètes, les plus grands musiciens, les plus grands peintres, les plus grands architectes, les plus grands guerriers, les plus grands découvreurs, et Cervantes, Caldéron, Velasquez, Zurbaran, Murillo, Ribéra, Goya, Herrera, Ruy Diaz de Bivar, Pélage, Colomb, Cortez et Pizarre sont dans la forêt des hommes des cimes qu’aucun arbre n’a jamais surpassés en hauteur et en fécondité.

Les Espagnols sont véritablement un peuple de héros, et rien ne peut être comparé à la noble fierté qui rayonne à leur front. Parlant de cette fierté, un grand écrivain italien, Edmundo de Amicis, a dit :

Il ne peut y avoir eu au monde un peuple plus fier de son histoire que le peuple espagnol. C’est incroyable : le gamin qui cire vos chaussures, le portefaix qui se charge de votre valise, le mendiant qui vous demande l’aumône, lèvent la tête et ont des éclairs dans les yeux aux noms de Charles-Quint, de Philippe II, de Fernand Cortez, de Don Juan d’Autriche, comme si c’étaient des héros de leurs temps et qu’il les eussent vus la veille entrer en triomphe dans la ville. On prononce, à Madrid, le mot Espana du même ton dont les Romains devaient prononcer Roma aux temps les plus glorieux de la République.

Et le même écrivain, après avoir apprécié les grands génies artistiques de l’Espagne, a écrit :

C’est un concours de miracles d’art, au milieu duquel votre âme vacille comme une flamme agitée par mille souffles, et votre cœur se gonfle d’orgueil pour la puissance du génie humain.

Le peuple espagnol n’a nullement dégénéré ; ce qu’il était il y a trois cents ans, il l’est encore, et la civilisation de nos