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INTRODUCTION

Elle a, cette langue, l’harmonieux accent des vieux Latins, le brio du parler des Hélènes, la limpidité de l’onde, la richesse et l’éclat du diamant.

Elle a, avec son sel attique, l’amertume, mais aussi la profondeur de la mer ; elle a la chaleur du soleil, les éclats de la foudre, les roucoulements de la colombe et l’envergure de l’aigle ou du condor.

Et puis, l’idiome d’un peuple, c’est la manifestation de sa foi, de ses tendances, de ses ambitions, et une société qui laisse mourir sa langue est condamnée à mourir avec elle.

Groupons donc tous nos efforts pour conserver le verbe dans lequel s’incarne notre race et qu’on a tenté si souvent de nous ravir !

Héritiers de l’esprit français, de cet esprit si fécond, si subtil et si pénétrant, nous pouvons nous créer un brillant avenir dans le domaine de la pensée ; et je ne crains pas de dire que tôt ou tard, si nous le voulons, une ville bas-canadienne deviendra la capitale intellectuelle de l’Amérique, comme Paris est la métropole intellectuelle du vieux continent.