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Page:Chapman - Le Lauréat (critique des œuvres de M. Louis Fréchette), 1894.djvu/14

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xv
INTRODUCTION

que notre jeune pays a comparativement fourni autant de talents littéraires que la vieille France elle-même.

Oui, notre littérature a déjà de profondes et vivaces racines ; et, quand on considère dans quelles conditions défavorables cette plante exotique s’est développée sur le sol du Canada, il est parfaitement raisonnable de croire qu’elle peut se ramifier plus largement encore sous le soleil et la rosée de l’avenir qui nous sourit.

En tout cas, ceux qui demandent à quoi bon s’occuper de littérature dans notre pays ont mille fois tort.

La littérature, voyez-vous, c’est une alimentation de lumière qui est aussi nécessaire à l’esprit que le pain est indispensable au corps ; c’est une sève généreuse qui pénètre les profondeurs de l’existence sociale d’un peuple ; c’est un foyer qu’attiseront toujours ceux qui veulent, comme dit le Père Félix, « allumer aux yeux des multitudes des flambeaux qui les éclairent et leur montrent par leurs reflets les routes ascendantes de l’avenir et du progrès. »

D’ailleurs, quand ce ne serait que pour conserver, au milieu d’une population qui nous est instinctivement hostile, l’idiome national, nous devrions cultiver les lettres.

Il est de toute évidence qu’il ne peut y avoir un meilleur moyen de conserver notre langue.

Notre langue !

Quel trésor précieux à garder !