Page:Chapman - Le Lauréat (critique des œuvres de M. Louis Fréchette), 1894.djvu/47

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Enhardi par le succès des Châtiments, ou plutôt par le succès que lui avait valu son audace, M. Fréchette, revenu au pays, après cinq ou six années d’exil, fit paraître, à des intervalles assez rapprochés, Pêle-Mêle, les Fleurs boréales et les Oiseaux de Neige, — qui sont la deuxième édition de Pêle-Mêle, — la Légende d’un Peuple, et les Feuilles volantes— qui auraient dû s’appeler les Feuilles volées — où il glissa tout ce qu’il put enlever avantageusement au sempiternel Victor Hugo, à Lamartine, Musset, Gautier, François Coppée, Crémazie, etc.

Et notre petit monde littéraire saluait, avec un plaisir et un orgueil toujours croissant, l’apparition de chaque nouveau volume, et plus d’un écrivain canadien s’imaginait voir en M. Fréchette l’un des plus grands poètes du siècle.

Couronné par l’Académie française pour ses Fleurs boréales et ses Oiseaux de Neige, grâce à des circonstances que je ferai connaître en temps opportun, le lauréat se crut tout permis ; et, au lendemain de son couronnement, profitant de l’enthousiasme aveuglant que ses lauriers venaient de créer dans la métropole canadienne, il y fit jouer un drame en prose escroqué tout rond à Elie Berthet.

Par bonheur pour le public, que le lauréat avait si lâchement trompé, le livre où il avait puisé l’Exilé se trouvait entre les mains d’un gourmet littéraire