Page:Chapman - Le Lauréat (critique des œuvres de M. Louis Fréchette), 1894.djvu/48

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qui le passa aux journaux, et… vlan ! finita la comedia.

Cette mésaventure aussi imprévue que foudroyante donna l’éveil à quelques rares dilettanti, qui commencèrent dès lors à soupçonner que M. Fréchette ne devait pas être plus scrupuleux en poésie qu’en prose.

Mais, personne ne se donnant la peine de comparer ses vers avec ceux des grands maîtres français, M. Fréchette, grâce au toupet pyramidal qui le caractérise, grâce, surtout, à l’indulgence d’un public qui voit partout de la politique et croyait le lauréat victime des machinations d’une certaine coterie, réussit à se relever du coup dont l’avaient terrassé les révélations du gourmet littéraire, et se remit à figurer, comme poète officiel, dans toutes les occasions solennelles qui réclamaient absolument le langage des dieux.

Tout le monde se rappelle une de ces occasions où, après s’être attelé en flèche à la voiture de Sarah Bernardt, il lui déclama une pièce de vers qui faillit le faire interdire par ses proches et dont Fédora doit encore rigoler.

Malgré l’insuccès des stances à la charmante dona Sol, M. Fréchette continua de se panader, avec toute la ridicule effronterie du geai du bon La Fontaine, pillant, à droite et à gauche, tout ce qui