Page:Chapman - Le Lauréat (critique des œuvres de M. Louis Fréchette), 1894.djvu/49

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lui tombait sous la main, sans paraître se soucier le moins du monde que l’histoire de la Bastide rouge et du gourmet littéraire pût jamais se répéter.

Le poète national était tellement sûr d’exercer indéfiniment son métier de plagiaire sans être inquiété, qu’il en était rendu à filouter jusqu’à ses confrères du pays, son outrecuidance était devenue si provocante, que ses intimes pouvaient à peine le tolérer.

Il allait peut-être continuer — et Dieu seul sait jusqu’à quel temps — d’écraser ses amis de son farouche pédantisme, de recueillir par brassées les palmes et les couronnes, quand tout à coup survint sa discussion avec l’abbé Baillairgé.

Celui-ci, voulant démontrer que M. Fréchette n’avait pas qualité pour traiter une question aussi importante que celle de l’enseignement, et se servant, d’ailleurs, des mêmes armes que le lauréat, qui s’amusait à dénicher des fautes de français dans les annonces du Bon Combat, fit voir clairement que l’auteur des Fleurs boréales n’était qu’un audacieux hableur et qu’un ridicule poétereau.

Pour amortir les coups dont l’enveloppait le Bon Combat, pour atténuer les effets que produisait partout cette publication, M. Fréchette crut réussir en m’accusant, en accusant, dis-je, un homme du