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à m. andrew carnegie


Et tandis que ce fou marche comme ployé
Sous le poids du mépris, taciturne, ennuyé,
Croyant lire partout quelques sombres présages,
Le riche qui voit Christ dans un pauvre souffrant
Et lui verse son or comme un baume odorant
À la félicité dont jouissent les sages.
 
Oui, le riche qui songe au sort de l’indigent,
Et qui, pour l’adoucir, prodigue son argent,
Est un heureux aussi vénérable que rare,
Et son nom, d’un reflet sublime environné,
Devrait, sur nos frontons pour toujours buriné,
Avoir l’éternité du bronze et du carrare.

Oui, la gloire sourit à ce consolateur ;
Mais des puissants à qui l’or donne le bonheur
Et que la charité de sa flamme enveloppe,
Pas un seul n’a jamais plus que toi mérité
De ceindre le bandeau de l’immortalité,
Ô modeste penseur ! ô noble philanthrope !