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les aspirations

Écoutant, tout rêveurs, l’indicible concert
De l’immensité bleue où le regard se perd ;
Et, sitôt qu’ils l’ont fui, pour chasser, à l’automne,
Sitôt qu’ils ont cessé d’ouïr son flot qui tonne,
Ils se sentent ployer sous le poids de l’ennui,
Ils promènent un œil morne comme la nuit.

Le Montagnais n’a plus d’ennemis à combattre,
Et ne porte la foudre aux bras que pour abattre
L’animal dont la robe opulente est le pain
Qu’il voit dans son sommeil agité par la faim.
Dès longtemps de la guerre il enterra la hache.
Il ne s’embusque plus sous les bois, comme un lâche,
Pour attendre et scalper le blanc ou le Huron :
L’eau régénératrice a coulé sur son front,
Et devant les autels avec nous il s’incline,
Il boit le sang tombé de la sainte colline.

Mais si le prêtre a pu sous l’étendard sacré
Faire courber enfin l’Indien régénéré,