Aussi loin que notre œil dans les ténèbres plonge,
On aperçoit toujours les deux tourbillons blancs
Que soulèvent les pas des deux coureurs sanglants.
Dans ce tournoi sans nom, impossible à décrire,
Depuis quelques instants devenu du délire,
Lequel des deux coureurs doit céder le premier,
De l’agile fuyard ou du souple limier ?
Sur le mont balayé par la tempête immense,
L’élan met entre l’homme et lui plus de distance.
Mais au milieu du val, que la neige a comblé,
Il est presque rejoint par le chasseur ailé,
Car où le pied se perd, la raquette surnage,
Et c’est pourquoi, fiévreux, haletants, tout en nage,
Dans ce chassé-croisé farouche et ténébreux,
Ils sont restés avec le même espace entre eux.
Tragique entêtement ! fuite vertigineuse !
Ni l’arbre renversé, ni la branche épineuse,
Ni les ravins profonds, ni les escarpements,
N’arrêtent le chasseur et le grand cerf fumants.
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la chasse d’hiver