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la charrue


Sur moi se sont courbés les fronts les plus superbes ;
Le grand Cincinnatus aimait à me guider.
Mon labeur est divin, car j’aide à féconder
L’éternelle union d’où proviennent les gerbes.

Du ciel je sens sur moi la bénédiction.
Je collabore avec le soleil et l’ondée,
Avec la bête, avec la matière et l’idée,
Au poème sans fin de la création… ―
 
Bien longtemps j’écoutai la voix douce et sereine
Qui me semblait venir du rustique instrument.
La nuit envahissait déjà le firmament
Lorsque je quittai l’arbre et sortis de la plaine.

Et depuis je comprends toute la sainteté
De l’outil qui brilla le premier sur le monde,
Toute l’immensité de la dette féconde
Que lui devra toujours la vieille humanité.