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le missionnaire

Quelquefois, espérant que des coureurs des bois,
Abrités pour la nuit, vont entendre sa voix,
Il pousse de longs cris perçants… Mais la rafale,
À la fois bruit d’enfer et plainte sépulcrale,
Répond seule à son triste et déchirant appel ;
Et nul astre jamais ne brille au fond du ciel,
Et la forêt toujours a des sanglots funèbres.
Parfois le hurlement d’un loup dans les ténèbres
Fait tout à coup frémir l’écho des grands bois sourds.
Et la neige toujours croule, croule toujours.
Le vieillard bien souvent lève aux cieux sa prunelle.
Sa force est épuisée ; à présent il chancelle,
Et comprend qu’il mourra dans cette nuit d’horreur.
Un seul regret alors torture son grand cœur :
Aux Indiens malheureux, que le prêtre console,
Il ne pourra plus faire entendre sa parole ;
Avec lui périra peut-être la semence
Qu’il jetait aux déserts pour le Christ et la France.
Tout espoir l’abandonne et l’angoisse l’étreint ;
Tout devant son regard tremble, oscille et s’éteint ;
Et ses membres sont lourds et froids comme le marbre.
Il vient de s’affaisser enfin au pied d’un arbre.
Il s’est