Page:Chapman - Les Aspirations, 1904.djvu/317

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mis à prier. Il prie, et le grand vent,
Qui tout à l’heure encor tordait le bois mouvant
Et pleurait dans la nuit comme un glas funéraire,
S’est tu, pour mieux laisser s’élever sa prière
Vers celui qui mourut pour le salut de tous.
Il est comme Jésus tombé sur ses genoux.
Dans cette nuit sans fin, sans fin son œil se plonge,
Souvent il interrompt ses oraisons, et songe.
Il songe, et devant lui rayonne le passé,
Des plus chers souvenirs son esprit est bercé :
Il se retrouve enfant dans une humble chaumière ;
Il entend les doux sons de la voix de sa mère
Un rosaire à la main lui montrant à prier ;
Il voit son père, assis, le soir, près du foyer,
Sous un vieux christ de bois qui pend à la muraille,
Lisant quelque récit de chasse ou de bataille.
Sa jeunesse encor brille à ses yeux éblouis ;
Le doux fantôme blanc des jours évanouis
Gazouille à son oreille, étend sur lui ses ailes.
Tous ses amis d’antan passent sous ses prunelles…
Mais bientôt il s’éveille à la réalité,
Et, se sachant perdu dans cette immensité