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le missionnaire

Des bois, dans cette blanche et fauve solitude,
Tremblant de froid, de faim, de peur, de lassitude,
L’oreille ouverte aux cris lointains des loups errants,
Il sanglote, et des pleurs voilent ses yeux mourants ;
Et son seul compagnon, son vieux chien si fidèle,
Qui cache dans son cœur de bête tant de zèle,
Dont les regards parfois sont des regards humains,
En le voyant pleurer, vient lui lécher les mains,
Et, pendant qu’un œil morne et trouble le caresse,
De temps en temps il pousse un long cri de détresse.

Depuis quelques instants l’agonisant, hagard,
Sans cesse autour de lui promène son regard.
Un violent combat dans son âme se livre :
Tantôt il veut mourir et tantôt il veut vivre ;
Et le linceul neigeux étend sur lui ses plis.

Tout à coup, vers le ciel tournant ses traits pâlis, ―
Comme le Christ priant au jardin des Olives,
Il s’écrie, au milieu des cent rumeurs plaintives,