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terre !

Comme un sein oppressé, l’Océan se gonflait.
Dans sa trompe au lointain la tempête soufflait,
Et sa rauque clameur, par instant suspendue,
Roulait comme un sanglot dans la morne étendue.
Les flots s’enflaient, s’enflaient, et les ponts des vaisseaux,
Tout penchés, blanchissaient sous l’écume des eaux.
L’ouragan à présent déchaînait tous ses souffles,
Et, secouant les mâts, les haubans et les moufles,
Ruant sur les gaillards de lourds paquets de mer,
Poussait dans l’infini des hurlements d’enfer.


IV


La Grande-Hermine, avec Cartier pour capitaine,
Fuyait éperdument, veuve de sa misaine
Qu’avait mise en lambeaux une saute de vent ;
Et l’horreur grandissait sur l’abîme mouvant ;
Le tonnerre grondait à l’horizon fugace ;
Des cavales d’éclairs galopaient dans l’espace ;
La pluie âpre cinglait, comme des fouets de crins,
Le visage saignant des tenaces marins.