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les aspirations

Attachés sous les bras pour faire la manœuvre ;
La lame, se tordant ainsi que la couleuvre,
Lançait toute sa bave et toute sa fureur
Au navire entouré d’inexprimable horreur.

Et le soir vient, hâtif, d’une noirceur compacte.
La houle a maintenant des bruits de cataracte,
Et, roulant la pâleur de ses lourds tourbillons,
Ébauche par moments de livides rayons.
Et, pendant que rugit l’écumeuse mêlée,
Cartier, sur le tillac, la narine gonflée
D’audace et de fierté, commande bravement,
Et, l’œil sur le compas, sans un frémissement,
Il aide au timonier à guider le navire
Emporté par les vents et les flots en délire.
L’ombre épaisse, venue avec le soir hâtif,
Au courageux marin sert comme d’objectif.,
Il s’y croit moins perdu que dans les blancheurs vagues
Qui traînaient tout à l’heure à la cime des vagues.
Et le grain s’éternise en assauts brefs et lourds,
Et le rude marin lui résiste toujours ;