Page:Chapman - Les Aspirations, 1904.djvu/351

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Je leur dis : ― Ceux-là seuls seront victorieux
Qui sauront triompher toujours du vice immonde.

Je leur répète : ― Heureux les humbles, les déçus,
Qui des vertus ont pu se faire des refuges. ―
Et puis je leur demande : ― Où sont les vrais vaincus ?
Qui donc sont les vainqueurs ? Socrate ou bien ses juges ?
Les martyrs ou Néron ? Pilate ou bien Jésus ?

Non, je n’exalte pas le puissant à cette heure ;
Je chante pour celui que la vie a blessé,
Pour le déshérité que nul plaisir n’effleure ;
Je chante pour l’obscur et pour le délaissé,
Pour le conscrit qui tombe et l’exilé qui pleure.

Oui, je dis les douleurs, les deuils et les effrois.
Je chante pour tous ceux dont les mains sont sans tache,
Pour les peuples râlant sous le genou des rois,
Pour Colomb dans les fers, pour Chénier sous la hache,
Pour Jeanne à son bûcher, pour le Christ sur sa croix.