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les aspirations


Bien des soleils ont lui sur ta couche dernière ;
Mais au fond de mon cœur, lassé du poids des jours,
La blessure que fit ton départ, ô mon père,
 Saigne encore, saigne toujours.

Oui, constamment en moi je sens cette blessure,
Et le baume du temps ne saura la fermer,
Car je te chérissais d’un amour sans mesure,
Comme un fils pieux seul est capable d’aimer.

Je te vouais un culte ardent, franc et sincère,
Et devant ton cœur pris du suprême frisson,
Devant ton corps drapé dans les plis du suaire,
 Je sentis sombrer ma raison.
 
Moi que n’avait jamais ployé nulle tempête,
Moi qui narguais les coups du destin triomphant,
Dont la neige des ans avait blanchi la tête,
Je pleurai tout un jour avec des yeux d’enfant.