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la mère et l’enfant

Aucun de nous n’osa jamais la renier,
Car la maternité ne peut pas s’oublier,
Car l’amour filial ne connaît pas l’absence,
Et nous l’aimons toujours, parce qu’elle est la France,
Parce que notre sang dans ses veines coulait,
Et parce que son sein nous a versé son lait.

Qu’importe l’abandon ! qu’importe la distance !
Qu’importent les brouillards de l’Océan immense !
Nous la voyons en haut, le front dans la clarté,
Dans le rayonnement de la sublimité,
Secouant sur le monde un faisceau de lumières,
Et, malgré les éclats farouches des tonnerres
Que font souvent gronder les noirs événements,
Nous l’entendons parler avec des mots charmants,
Plus suaves qu’un chant d’oiseau que l’aube éveille,
Comme si nous avions sa bouche à notre oreille,
Non, la France à nos yeux ne se voile jamais.
Toujours nous la voyons sur les plus fiers sommets,
Versant des feux divins à l’Europe ravie.
Et quand le sort jaloux un matin l’eut trahie,