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les aspirations

Quand les peuples voisins, ne sachant ce qu’ils font,
Sur sa croix l’insultaient et lui crachaient au front,
Que le Teuton vainqueur, ivre de son désastre,
Espérait voir mourir à l’horizon son astre,
Elle nous apparut soudain sur un Thabor
Dont l’éclat fulgurant nous éblouit encor !…
La France ! c’est pour nous la mamelle féconde
Où, dans sa soif sans fin, boit la lèvre du monde,
L’œil qui dans les brouillards du temps voit tout venir,
Le bras qui guide au port la nef de l’avenir,
Le doigt qui fait tourner les feuillets du grand livre
Où, cherchant l’idéal, l’esprit humain s’enivre.

Voilà plus de cent ans que la France a livré
Aux Anglais triomphants son enfant éploré.
Cet enfant a grandi ; c’est un homme robuste
Qui porte écrite au front son origine auguste.
Longtemps il a souffert, longtemps il a lutté
Contre le servilisme et la nécessité.
Maintenant il est riche, il est fier, il est libre ;
Aux souffles entraînants du progrès son cœur vibre ;