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les aspirations

Font couler du goudron bouillant sur des héros
Cherchant à s’accrocher aux flancs nus des brûlots.

Les obusiers du fort, à travers de grands chênes,
Vomissant des cailloux avec des bouts de chaînes,
Criblent toujours les ponts, les cordages, les mâts
Qui culbutent avec un horrible fracas,
Pendant que le feu prend partout sur les toitures
Du bourg où les boulets rouges font leurs morsures,
Et que les tirailleurs, comme les espadons
Harcelant la baleine, affrontent les canons
Avec une fureur et des forces nouvelles.
Les morts jonchent les ponts en sanglantes javelles,
Et dans leurs larges plis les flots ensoleillés
Roulent des débris noirs, du sang et des noyés.

Rollo, se souvenant de l’adieu du vieux prêtre,
Le traite, en ce moment, d’hypocrite et de traître,
Et, comprenant qu’il est imprudent, après tout,
De jouer ses soldats sur un dernier atout,
Il fait cesser le feu de chaque caronade ;
Et, comme du rempart grossit la canonnade,