Plein de tout l’ancien feu de son ardeur guerrière,
Sous les plis glorieux des couleurs d’Angleterre ;
On vit Salaberry, nouveau Léonidas
Sauvant la colonie avec trois cents soldats,
De son sabre tracer le nom d’une victoire
Dont éternellement s’étonnera l’Histoire,
Et montrer aux Saxons tout fiers de son succès
Qu’en nos veines toujours coulait le sang français,
Que nous n’avions perdu rien de la mâle audace
Qui fit sous tous les cieux triompher notre race,
Et que nous avions droit de marcher à côté
Des vainqueurs dont le cœur bat pour la liberté.
Grâce à la loyauté que ces fervents apôtres
Avaient enracinée au fond du cœur des nôtres,
Albion conserva le plus brillant fleuron
Qui jamais resplendît à son auguste front ;
Un peuple nouveau-né, menacé du naufrage,
Sut rester à son poste et conjurer l’orage ;
Et ce peuple, arraché par miracle au péril
Comme autrefois l’enfant Moïse sur le Nil,
Ne veut, pour lui montrer sa route, d’autres guides,
Sur les bords du grand fleuve et des grands lacs limpides,
Que les soldats du Christ. Et ces preux, constamment
Emportés par le zèle et par le dévoûment,
S’enfoncent sous les bois, suivis de gars robustes,
Pour qui nos pins géants ne sont que des arbustes,
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