Page:Chapman - Les Fleurs de givre, 1912.djvu/96

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


Et rugit. Regardez les lourds flocons de brume
Qui flottent au-dessus de l’abîme béant.
Au milieu, sur un roc, se dresse un jam géant,
Un amoncellement énorme et fantastique
De grands pins surplombant le courant frénétique
Qui s’abat lourdement sur la pierre aux abois.

Pour aller déraper ce vaste amas de bois,
Dont un déluge seul souleverait la masse,
Il faut avoir au front la flamme de l’audace.

Tout à coup, sur un ton moqueur, sonore et bref :

- Qui veut aller briser la clé ? clame le chef.

- Moi ! répondent, du même élan, Bourque et Lachance,
Deux solides gaillards connus pour leur vaillance.

Et déjà ces copains sautent dans un canot,
Rament à tour de bras, et, triomphant du flot
Qui rejaillit sur eux et les submerge presque,
Bondissent ; essoufflés, sur l’amas gigantesque.

Scrutant des yeux les logs tout baignés de rayons,
Et se penchant sur l’onde aux épais tourbillons