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cette dernière catégorie, la connaissance superficielle de la langue suffira, et n’exigera pas cinq à six années d’études.

L’un de ceux qui me font ces objections a écrit :

« Ce qu’il faut, c’est un outil grossier, d’un maniement pratique, et non les instruments de précision offerts par les idiomes nationaux. »

Mais, si l’arsenal de la langue français offre des instruments de précision qui ne conviennent qu’à des mains distinguées et bien exercées, il contient également d’autres instruments, je ne dis pas comme mon contradicteur « grossiers », mais plus communs, plus faciles à manier, en un mot plas à la portée d’hommes n’ayant reçu qu’une éducation au-dessous de la moyenne, et une connaissance superficielle leur suffira.

Ne dites donc pas que l’immense majorité des hommes devra connaîtree à fond mes deux langues, et y consacrer cinq à six années d’études.

En cherchant bien, on trouveraiti en dehors des catégories qui précèdent quelques autres individus ayant besoin de l’une ou de mes deux langues. Ceux-là se trouveront placés par mon projet entre leur intérêt d’une part, et de l’autre leur paresse ou leur amour-propre, et, s’ils ont un véritable besoin d’entretenir des relations avec l’étranger, c’est leur intérêt qui l’emportera.

Cette objection : « Obligation pour les étrangers d’apprendre deux langues », perdra d’ailleurs avec le temps beaucoup de la valeur qu’elle paraît avoir aujourd’hui.

M. Michel Bréal écrit : « Les difficultés qu’on éprouvera au début iront toujours en diminuant à mesure que la connaissance des deux langues deviendra plus générale. »

En effet, dès le lendemain du jour où l’entente que je propose serait réalisée, l’enseignement de l’une au moins de mes deux langues deviendrait obligatoire dans les écoles supérieurs, secondaires ou spéciales de presque tous les pays, et même, à l’état élémentaire dans beaucoup d’écoles primaires ; ceux des élèves ayant reçu cette éducation qui auraient besoin plus tard d’un langue internationale se trouveraient dans la même position où sont aujourd’hui les Français, les Anglais et les citoyens des États-Unis.

Voyons un peu plus loin, laissons passer une génération ;