Page:Chappellier - Notes sur la Langue internationale, 1900.pdf/36

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’usage à toutes les nations. Mon projet au contraire n’impose absolument rien aux autres nations ; on n’aura même pas à le leur notifier officiellement ou officieusement. On leur laissera toute leur liberté d’appréciation et d’action.

Je n’ai donc absolument rien à imposer aux peuples, ou à leurs gouvernements. Je ne m’adresse qu’aux particuliers, et seulement, pour me servir de l’expression de M. de Beaufront, « à la fraction du monde civilisé intéressée à se servir de la langue internationale ».

Ici se dresse devant moi la grosse objection suivante :

En dehors des Français, des Anglais et de Américains du Nord, qui n’auront qu’une langue à apprendre, l’immense majorité des individus composant l’ensemble des peuples civilisés devra connaître à fond vos deux langues et y consacrer cinq à six années d’études.

« Immense majorité », « connaître à fond », « cinq à six années d’études », voilà bien des exagérations.

Pour ramener les choses à leurs justes proportions, je dois d’abord rappeler la considération suivante qui est l’une des bases de mon projet :

Ce n’est pas à l’immense majorite, mais au contraire à une très faible minorité que s’adresse la langue internationale. Sur mille individus pris au hasard, même dans le pays le plus civilisé, j’estime que vingt à peine ont besoin d’entretenir des relations avec l’étranger, et de ce vingt sur mille, je fais deux parts.

La première foitié connaît déjà soit mes deux langues, soit l’une d’entre elles. Elle se compose d’hommes à esprit cultivé, habitués à l’étude, de sorte que ceux d’entre eux qui ne connaîtraient que l’une de mes langues n’auraient pas de peine à s’approprier l’autre.

Cette première moitié se trouve donc dans le même cas que les Français, les Anglais et les Américains du Nord.

Dans la seconde moitié, nous trouvons d’abord ceux qui, en raison de leurs relations spéciales, se contenteront très bie d’une seule langue ; puis ceux en grand nombre qui n’éprouveront aucun besoin de connaître la langue à fond ; tels les voyageurs de commerce, les employés de magasins, des postes, des hôtels, tout ce qui touche aux voyages, etc. Pour