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400 millions de Célestes, l’empereur du Japon, le grand chef des centaines de millions de croyants, etc. La délégation et son comité sont-ils bien rassurés sur ce point ?

Mais les prétentions de la délégation vont encore plus loin. Elle nous prévient que, le cas échéant, elle se chargerait de créer la future langue internationale. Voici, en effet, ce qu’écrit M. Couturat, son principal interprète :

« On ne songerait à en créer une que si aucun des projets existants ne paraissait satisfaisant »

La délé gation créant la langue internationale !! et, bien entendu, meilleure que toutes celles qui existent !!!

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En somme, la délégation peut faire œuvre utile, mais à la condition expresse de rentre dans le véritable rôle qu’elle s’est tracé.

Si elle sort de ce rôle, comme l’ont déjà fait ses promoteurs, elle perdra sa raison d’être ; elle ne sera plus qu’une succursale de la Société pour la propagation de l’Espéranto et devra transférer son siège social à Épernay, ou à Dijon, le sanctuaire de l’Espéranto.

Il ne faut pas oublier, en effet que la plupart des promoteurs de la délégation, ou tout au moins les plus importants d’entre eux, sont des espérantistes ardents et militants ; c’est ce qui motive cette opinion, généralement répandue, que le seul but de la délégation, c’est le triomphee de l’Espéranto.

La délégation porte une tache originelle : elle a été conçue dans le sein de l’espérantisme. Pourra-t-elle rester impartiale ? Ce serait d’autant plus à désirer qu’un grand nombre de presonnalités lui ont déjà, parait-il, apporté leur adhésion ; « On cite des penseurs, des économistes, des membres des l’Institut, des professeurs, des directeurs de grandes sociétés, des grandes écoles… Puis des directeurs de l’Observatoire, du Muséum… des présidents de sociétés particulières, etc., en un mot, toutes les sommités intellectuelles de la France, toute l’activité militante et féconde de notre race !!! » Tout, c’est peut-être beaucoup dire.

J’aime à croire que toutes ces sommités ne recevront pas le baptême espérantiste si elles entrent dans la délégation, et qu’elles conserveront leur libre arbitre.

Mais, je ne saurais trop le répéter, si la délagation veut rentrer dans le rôle qu’elle s’est tracé, elle peut rendre un réel service à la grande cause de la langue internationale.