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grande réunion internationale des académies ainsi qu’aux futurs candidats à la délégation, car l’article 8 de ce programme dit : « Seront admis à faire partie de la délégation les représentants qui auront adhéré à la présente déclaration. »

Au lieu d’exiger des futurs candidats l’adhésion à ce programme restrictif, ne serait-il pas préférable de leur laisser leur liberté d’appréciation ?

Quant aux académies, ne sont-elles pas assez grandes personnes et assez éclairées pour procéder elles-mêmes à l’examen et à la solution de ces diverses questions ? Leur demander leur avis, en restreignant ainsi d’avance le champ de leurs appréciations, n’est-ce pas en fait leur présenter la carte forcée ?

Il est vrai, comme je l’ai déjà fait observer, que les promoteurs de la délégation ont prévu le cas, assez probable, où les académies refuseraient de se charger de cette mission, et que, même avant de leur avoir soumis leurs vœux, ils ont prévenu ces académies que si la besogne ainsi limitée et circonscrite ne leur convenait pas, le comité nommé par la délégation s’en chargerait.

Si, comme on le croit généralement, la réunion des académies refuse de se charger du choix désiré, c’est ce comité qui s’en chargera.

Ce comité va donc un beau jour annoncer à l’univers qu’il a enfin trouvé la langue réunissant toutes les qualités nécessaires pour remplir le rôle d’idiome international, qu’en conséquence cette langue (l’espéranto bien entendu) « devient universelle et que son enseignement est obligatoire dans toutes les écoles du monde, et, comme il remplacera la réunion des académies, sa décision souveraine aura, dit-il, toute l’autorité nécessaire pour s’imposer aux sociétés adhérentes et par elles à tous les pays ». Imposer sa décision souveraine à tous les pays ! Voilà une bien grande prétention.

La délégation est-elle bien sûre que toutes les nations vont se soumettre humblement à cet ultimatum ?

Mais, à la tête de ces nations, il y a certains personnages dont il faudra peut-être aussi obtenir la soumission. À la vérité, ils ne sont ni membres de l’Institut, ni docteurs, ni professeurs, mais ils auront peut-être cependant la prétention d’avoir voix au chapitre en raison de l’influence plus ou moins directe qu’ils exercent sur la plus grande partie du genre humain : le czar de toutes les Russies, Édouard, roi d’Angleterre, empereur des Indes, l’empereur d’Allemagne, même les Présidents des deux grandes républiques, quoi qu’ils ne soient pas souverains, et encore le Fils du Ciel, chef de