Page:Chaptal - Élémens de chimie, 1790, Tome 1.djvu/357

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quelconque suffisamment chargée de principes étrangers pour produire sur le corps humain un effet différent de celui qu’y produisent les eaux employées journellement à la boisson.

Les hommes n’ont pas tardé, sans doute, à reconnoître de la différence entre les eaux : nos anciens paroissent même avoir été plus jaloux et plus attentifs que nous à se procurer une bonne boisson ; c’étoit presque toujours la nature de l’eau qui déterminoit l’emplacement des Villes, le choix des habitations, et conséquemment la réunion des citoyens. L’odeur, le goût, et sur-tout les effets sur l’économie animale, ont suffi, pendant long-temps, pour décider de la nature d’une eau quelconque. On peut voir, dans Hippocrate, ce que peuvent l’observation et le génie sur des matières de cette nature : ce grand homme, dont on se fait une idée bien imparfaite en ne le considérant que comme le Patriarche de la Médecine, connoissoit si bien l’influence de l’eau sur le corps humain, qu’il prétend que la seule boisson peut modifier et différencier les hommes entr’eux, et qu’il recommande aux jeunes Médecins de s’occuper, sur-tout, de connoître la nature des eaux dont ils doivent faire usage. Nous voyons que les Romains, forcés de s’établir souvent dans des lieux arides, n’épargnoient rien pour procurer de la bonne eau à leurs colonnies ; le fameux aqueduc qui conduisoit l’eau